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L'Afrique de l'Est se place au premier rang mondial en matière d'argent mobile, avec le taux de pénétration le plus élevé au monde, selon un rapport de l'Union africaine, intitulé « Africa's Development Dynamics » réalisé en collaboration avec l'Organisation de coopération et de développement économiques.

Selon les données du rapport, pour 1 000 adultes, la région d'Afrique de l'Est compte 1 106 comptes d'argent mobile enregistrés, contre 600 pour l'ensemble du reste du Continent soit, 533 et 245 respectivement pour l'Asie, l'Amérique latine et les Caraïbes. Le taux de pénétration est plus élevé dans la région, puisque la plupart des abonnés adultes possèdent un ou plusieurs comptes d'argent mobile.

La forte pénétration du Mobile Money peut s’expliquer par le fait que les opérateurs de téléphonie mobile ont utilisé leur technologie pour répondre à un besoin des populations non bancarisées de transférer de l’argent liquide dans un contexte qui était caractérisé par un déficit en infrastructures (réseaux de communication, sources d’énergie), un manque d’équipements des populations (téléphones fixes, ordinateurs, accès Internet) ou encore une très faible bancarisation. L’adoption du Mobile Money est allée de pair avec l’adoption des téléphones mobiles qui ont pénétré le marché africain il y a bientôt deux décennies.es

Les opérations financières sur mobile ont donc été rendues possibles et la croissance des volumes d’opérations peut s’expliquer par cinq points principaux :

  • un enrôlement plus simple des abonnés au téléphone mobile ;
  • un coût d’acquisition du téléphone mobile plus abordable ;
  • la commodité voire la simplicité d’utilisation du téléphone pour effectuer des transactions financières ;
  • le vaste réseau de distribution des opérateurs de téléphonie ;
  • la célérité des transactions.

L’adoption du Mobile Money s’explique aussi par la multiplication des cas d’utilisation de paiement (dépôts et retraits d’espèces, transferts entre particuliers, transferts d’argent à l’international, paiements de factures, paiements de masse ou du bank to wallet) et l’introduction plus ou moins limitée de nouveaux services (crédit, assurance, épargne) des opérateurs de Mobile Money, les Fintech, les banques et les institutions de microfinance très souvent organisés dans le cadre de partenariats.

Toutefois, même si la pénétration des portemonnaies mobiles en Afrique est assez impressionnante, l’utilisation du cash (argent liquide) est encore prédominante et cela se constate par l’importance des transactions de type Cash in Cash out (CICO) dans les volumes de transactions effectuées par les opérateurs de Mobile Money. Par exemple sur la branche Mobile Money du groupe Orange, 80% des revenus proviennent du Cash in Cash out. Par ailleurs, le taux d’activité sur les comptes de Mobile Money reste assez faible (inférieur à 30% en Afrique sur une base de 30 jours). 

Cela met en lumière quelques défis qui restent à relever pour généraliser l’adoption du Mobile Money. Citons :

  • Le coût des services qui est jugé relativement onéreux par les clients ;
  • L’offre très limitée sur les nouveaux services tels que l’épargne, le crédit ou l’assurance ;
  • La multiplication des cas d’arnaques dont sont fréquemment victimes les clients ;
  • La faible pénétration de dispositifs d’acceptation moins onéreux que les terminaux de paiements électroniques (TPE) qui limite les paiements commerciaux ;
  • L’absence d’interopérabilité entre les acteurs financiers appartenant à différents pays ou espaces monétaires ;
  • L’accès équitable des acteurs des services financiers au canal USSD resté longtemps un monopole des opérateurs de téléphonie mobile.

Ci-dessous quelques mesures qui pourraient être prises par les États et les régulateurs africains pour accompagner les efforts des acteurs du secteur et booster le potentiel du Mobile Money. Il s’agit de :

  • La définition de stratégies nationales ou régionales d’inclusion financière ;
  • La poursuite des efforts de digitalisation des flux des États et la promotion de l’E-gouvernance ;
  • La promotion de cadres d’interopérabilité des services financiers pour favoriser les transactions entre les différentes zones monétaires du continent ;
  • La mise en place de cadres réglementaires favorables à l’introduction de nouvelles offres telles que le crédit digital, l’épargne digitale ou la micro-assurance ;
  • La promotion d’une concurrence loyale en continuant à démocratiser l’accès au canal USSD.
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