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Les câbles sous-marins représentent le système nerveux de l’infrastructure Internet. En effet, 99% des flux de données passent aujourd’hui physiquement par ces câbles. Ils sont répartis au fond des océans et ils garantissent l’accès Internet aux différentes populations du globe. De ce fait, ils représentent aujourd’hui un enjeu géopolitique majeur.

Aujourd’hui, le fil de cuivre a été remplacé par la fibre optique et le diamètre des câbles sous-marins va de 1,5 à 5 centimètres. Le plus fin repose dans les grands fonds. Le plus épais est posé plus près des côtes où il doit être plus résistant.

En Afrique, plusieurs projets ont vu le jour pour améliorer la connectivité et interconnecter les continents.

En février 2008, MainOne a commencé la construction et la pose de son système de câble sous-marin à la pointe de la technologie. Il s’agissait du premier câble sous-marin à propriété exclusive appartenant à des intérêts privés le long du littoral ouest-africain.

Le système de câble actuel de MainOne est un câble sous-marin de 7 000 km avec des stations d’atterrissement au Nigeria, au Ghana et au Portugal. Plusieurs possibilités existent encore avec des unités de ramification le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest au Maroc, aux îles Canaries, au Sénégal et en Côte d’Ivoire afin de répondre à l’augmentation attendue de la demande de capacité.

Par extension, MainOne peut également s’interconnecter avec SEACOM et d’autres câbles internationaux de Seixal au Portugal via les réseaux européens et transatlantiques de Tata Communications à Telehouse, à Londres. Le câble sous-marin offre actuellement une bande passante à haute vitesse de 1,92 Tbit/s et est extensible à une capacité d’au moins 4,96 Tbit/s.

Actuellement, l’activité de la Chine est très dynamique à l’encontre des projets visant à connecter le continent africain à l'internet. Deux projets vedettes de câbles sous-marins illustrent la volonté constante de la Chine de couvrir le continent avec ses câbles de données :

Le câble PEACE (Pakistan & East Africa Connecting Europe) est l'un de ces projets développés par Huawei Marine Networks, qui a récemment été racheté par Hengton Group, l'un des plus grands producteurs chinois de fibres sous-marines de pointe. Hengton fait actuellement l'objet d'une enquête de la Commission européenne pour vente à des prix artificiellement bas (dumping). Le câble PEACE commence à Gwandar, au Pakistan – un port exploité par la Chine – et devrait devenir la route la plus courte entre l'Asie et l'Afrique. La route de 15 000 kilomètres a des sites d'atterrissage à Djibouti, au Kenya, aux Seychelles et en Afrique du Sud, ainsi qu'une branche qui relie l'Europe avec un site d'atterrissage à Marseille, en France.

Le deuxième projet est considéré comme l'un des plus grands projets de câbles sous-marins au monde, avec une présence chinoise. 2Africa, un investissement estimé à 800 millions de dollars, illustre parfaitement les nouvelles ambitions de la firme Mark Zuckerberg en Afrique. 2Africa réunit un consortium de huit acteurs internationaux (China Mobile International, Djibouti Telecom, Facebook, MTN GlobalConnect, Orange, Saudi Telecom Company (STC), Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC (West Indian Ocean Cable Company)) engagés à construire un câble desservant 28 points d’atterrissement dans 23 pays, dont 16 africains, avec une capacité allant jusqu’à 180 Tbit/s, supérieure à celle de tous les câbles sous-marins desservant actuellement le continent.

Selon les données de Submarine Cable Networks, la bande passante internationale africaine a augmenté de 45 % annuellement entre 2015 et 2019. Pour répondre à cette demande, la Chine se positionne comme un fournisseur de services numériques fiable pour les nations africaines, et cela pourrait constituer une partie de la raison pour laquelle elle a été particulièrement active dans la construction de systèmes de câbles sous-marins.

La diffusion de la 5G et les applications de l'internet des objets (IoT) vont accroître la demande de technologies et de couverture internet abordables et de haute qualité en Afrique. Cependant, les analystes s'inquiètent de ce qui semble être une poussée de la Chine pour monopoliser les systèmes de réseaux numériques en Afrique, risquant l'espionnage ou l'adoption de l'autoritarisme axé sur la technologie que l'on trouve en Chine.

Par ailleurs, Angola Cables veut devenir un fournisseur de référence mondiale. La compagnie s’est fixée un objectif de garantir l’accès des entreprises à de la haute qualité. Angola Cables a renforcé les capacités data de son câble sous-marin de fibre optique international baptisé MONET. 2,2 térabits ont été ajoutés aux segments du réseau reliant Miami aux Etats-Unis et Fortaleza et São Paulo au Brésil pour améliorer les performances des services cloud gourmands en bande passante. Le fournisseur de connectivité à haut débit a révélé que cette mission technologique a été accomplie par la société Ciena, spécialisée dans les systèmes, les services et les logiciels de réseautage.

Angola Cables justifie l’augmentation des capacités de son câble sous-marin de fibre optique par l’actuelle adoption rapide et massive des services numériques à travers le monde. Une adoption qui devrait s’accentuer ces prochaines années avec la numérisation accélérée du monde suscitée entre autres par la Covid-19. Dans son « Annual Internet Report (2018–2023) White Paper », Cisco estime que la forte demande en connectivité va porter les vitesses mondiales du haut débit fixe à 110,4 mégabits par seconde (Mbps) d'ici 2023 contre 45,9 Mbps en 2018.

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